ans l'île, on les appelle des « têtes » ou des « têtes-poteaux » et elles ont fait leur apparition en deux «vagues» distinctes (de la fin des années 20 pour les premières et de 2000 à nos jours pour les secondes), ce qui implique forcément deux auteurs qui sont toujours inconnus.

D'après Jean-Paul Brahder : « On ne sait pas qui en sont les auteurs. Pour les premières, on a longtemps soupçonné un facteur, évidemment parce qu'il se déplaçait régulièrement dans toute l'île et qu'il connaissait tout le monde. Mais ceux qui le connaissaient bien n'ont jamais rien vu chez lui qui laisse penser qu'il en ait été l'auteur. En plus, les trois dernières ont été découvertes après son décès, alors... Bien sûr, aucune enquête sérieuse n'a été faite, le problème n'étant pas vraiment important. On a bien cherché à faire coïncider les dates des personnes décédées et celle de la dernière apparition, mais on n'a rien trouvé de probant. Sans compter qu'il faut peut-être laisser la poésie ou le mystère de cette histoire et ne pas à tout prix rechercher le nom de l'auteur.»

La question se pose toujours pour les secondes car leur auteur procède exactement de la même façon, en toute discrétion et anonymement. S'agit-il d'un enfant qui poursuit l'œuvre d'un parent, d'un disciple qui suit les traces de son maître, l'hommage (peu probable vu le nombre important de pièces trouvées) d'un artiste qui marche dans les pas d'un aîné ou tout simplement d'un artiste dont le travail est dans la même veine et qui appréhende les choses de la même façon ? Il faut néanmoins souligner qu'il ne cherche pas à profiter de la notoriété de son aîné.

Les premières têtes : des années 20 à 1985

La première serait apparue en 1928 et on a trouvé la dernière en 1985. Leur auteur a donc sévi impunément une soixantaine d'années. 23 têtes sont visibles dans le petit musée des têtes de Vieille-ville.
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L'imitateur : de 2000 à nos jours
Le 10 juin 2000, Marc Laficelle, (ébéniste), trouve sur la porte de son atelier une tête, 15 ans après la découverte de la dernière.
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C’est à l’âge de 16 ans que Jean-Paul Brahder découvre par hasard, au cours de ses nombreuses promenades dans l'île, ces drôles de têtes accrochées au mur de bâtiments (maisons, garage, granges, etc.), posées sur des poteaux et les recense et récolte de nombreux témoignages auprès des anciens. Il en est devenu le spécialiste incontestable. Il leur a consacré trois livres (1) et travaille à un quatrième. Il est le créateur et le conservateur du musée des têtes, installé dans les quatre pièces du rez de chaussée de sa propre maison.
Il nous livre ici les secrets et ses commentaires sur quelques-unes de ces têtes.

 

1. Nul part, une terre à imaginer, Éditions de l’imaginaire, Paris.L'île aux têtes, mythes et réalités, Éditions Universitaire de Paris.L'île aux têtes ou l’autarcie comme un art de vivre, Éditions de l’imaginaire, Paris.